Concept

Une visite Jazz de l’univers de Bowie.

Une réflexion en musique sur le statut de l’idole, la fascination et la beauté.

J’avais treize ans lorsque j’aperçus la géniale pochette de pinups dans la vitrine du disquaire de ma banlieue. J’ai tremblé en rentrant à la maison avec le LP sous le bras, aimant la musique avant même l’avoir écoutée. Depuis l’univers génial de David Bowie ne jamais quitté.

2016, sortie de Black star, ohhh…il y retrouvait la voix des premiers tubes des années 70s, cette pointe si sexy d’accent cokney. Le surlendemain, j’apprends son impossible mort. Quoique fasciné par son ultime mise en scène, moi qui l’aimais, je fus choqué.

L’INTENTION

David Was est une formation de Jazz contemporain dont j’ai eu l’idée courant 2017, mu par l’envie de recréer la magie de la musique de Bowie sur mon terrain, la musique improvisée et dans l’objectif tout simple d’expériences de scène avec ces morceaux qui me portent depuis tant d’années. J’ai travaillé à l’arrangement d’une sélection de thèmes puisés dans son vaste répertoire.

Le traitement suit le principe du standard Jazz : respect de la mélodie et des paroles (aussi sur les versions instrumentales), enrichissement harmonique et/ou rythmique, développement de l’improvisation, écriture d’arrangements spécifiques. Guidé par l’envie de vivre l’univers Bowie sur les planches, je n’ai pas cherché a systématiquement transformer la musique (à quelques notables exceptions près). Pourquoi ? Mais tout simplement pour garder l’émotion intacte et le plaisir de la développer en improvisant en live. D’autres noms très connus du jazz européens on entreprit de transformer complètement la musique de Bowie dans leurs projets, c’est un choix tout à fait respectable qui n’est pas le mien, j’aime entrendre le mots de Time chanté sur cette belle ballade blues pop en en gardant le sens et le rythme. Vous vous retrouvez donc j’espère dans l’esprit de toutes les chansons revisitées par DavidWas, surtout si vous les aimez autant que moi. C’est là toute mon intention. 

LE BAND

Je me suis entouré de Bertrand Guerra (guitariste avec qui je collabore depuis des années) de Ivan de Luca (basse électrique) et d’Ibrahim Térkémani (batterie). Puis Benjamin Kraatz, grand fan de l’icône lui aussi, s’est joint au projet. Benjamin a parfaitement réussi cet exercice si périlleux de ne jamais imiter sans pour autant, encore une fois, transformer. C’est un superbe artiste et le projet lui doit beaucoup.

LA POCHETTE DE LP, ICÔNE DES 70S.

C’est ce support idéal (ni trop petit, ni trop grand pour l’expression graphique) qui règna sans rival sur la planère pop pendant 20 ans, un carré de rêve pour teens. De longues heures furent passées par ma génération à scruter les pochettes d’albums dans leurs moindres recoins pour en extraire des impressions sans doute même pas entrevues par leurs propres créateurs.

COMMENT SE “MARYPOPPINISER” ?

En 2018, quand, dans l’open-space désaffecté d’une startup en faillite, j’ai découvert une “red telephon box” c’est immédiatement sous la back cover de Ziggy Stardust que j’ai eu l’envie de me glisser avec mon sax ténor, prenant moi-même la place de l’archange. Après avoir traité l’image en utilisant un procédé digital imitant la sérigraphie, le résultat m’a tellement étonné et amusé que je me suis attaqué à la couverture de Pinups, reproduisant cette fois la pose énigmatique du maitre avec Twiggy sur son épaule. En 2020 J’ai encore fait reproduire l’huile de Diamond Dogs peinte par Guy Peellart par un copieur de ma connaissance. C’est moins réussi mais l’effet décalé et louche du tableau original est quand même bien là : le malaise fonctionne bien. 

Comme les enfants du film éponyme, la Marypoppynisation consiste à choisir parmi les tableaux peints au sol à la craie et d’y sauter à pied joints. Pinups, Ziggy stardust et Diamond Dogs, autant de covers dans lesquelles je me transporte avec un peu d’astuce et beaucoup de fun, remplaçant le sublime visage de Bowie par le mien. C’est en fait une sorte de mise en abîme du travail musical qui a été réalisé avec le band.

ET DONC…

DavidWas est un voyage dans un temps pas si lointain, un temps d’expérimentation, d’amusement, de trips égotiques, de questionnement sur l’identité. Et c’est aussi et surtout l’occasion de retrouver cette sensation si particulière, si troublante qu’est l’absolue fascination.

David Was s’essaye au glam jazz, free, pop, loufoque et un brin provocateur gardant intact l’amour pour son sujet principal, à la fois marionnettiste et marionnette, créateur d’images et fascinante icone. La beauté faite humaine : David Bowie.

A écouter au volume que vous voudrez !


Aimmi Chandrapa.